En 2020, les chiffres générés par l’agriculture biologique mondiale s’élèvent à presque 100 milliards de dollars. Un profit de taille, qui pousse les grosses entreprises, mais aussi les agriculteurs indépendants, à investir dans le domaine. Cependant, il existe certaines règles auxquelles tout agriculteur bio doit se plier, mais que certains trouvent difficiles à respecter sans perdre de leur productivité.

Quelles sont les normes de l’agriculture biologique ?

En France, la production biologique est régie depuis 2010 par un cahier de charges spécifique : celui d’« Eurofeuille », le label bio européen. Certifié sous la loi N°834/2007, ce cahier de charges est également valable dans tout pays de l’Union européenne, afin de faciliter les échanges entre ses membres. Sachant que chaque produit bio européen se doit d’être marqué par le label de la feuille, il est obligatoire que toute structure productrice suive les principaux points suivants.

 Le point sur la production végétale

  • La présence d’OGM (Organismes génétiquement modifiés) dans la composition du produit est interdite. Néanmoins, on tolère moins de 1 % d’OGM, si ce taux minime est inclus de façon accidentelle ou inévitable.
  • Il est recommandé de préparer puis fertiliser le sol à l’aide des méthodes naturelles comme le compost, les engrais verts ou encore la rotation bi-annuelle de cultures. De ce fait, toute méthode moderne, incluant les engrais chimiques par exemple, est strictement interdite.
  • Toute utilisation de pesticides est sanctionnée par le retrait du logo biologique. La lutte contre les parasites doit donc se faire par des moyens naturels.
  • L’utilisation des ressources hydrauliques et souterraines doit être modérée et responsable. Tout excès d’exploitation des eaux n’est pas toléré.
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Le point sur la production animale

  • L’élevage de bétail doit se faire dans les règles du bien-être animal. Ainsi, tout animal, quelle que soit sa race, doit avoir un libre accès à l’eau, l’air et l’alimentation biologique nécessaires à sa survie.
  • Le gavage, l’utilisation d’hormones, d’OGM et des additifs sont strictement interdits et sanctionnés.
  • Il est recommandé à tout vétérinaire travaillant dans une structure biologique de bien choisir les médicaments attribués aux animaux d’élevages biologiques. Dans ce sens, une liste de traitements autorisés a été publiée par Eurofeuille.
  • L’élevage hors-sol et le surélevage sont interdits.

Le point sur la transformation

  • Tout produit désirant être certifié par Eurofeuille ne doit pas dépasser la barre des 5 % des produits non organiques. De ce fait, les 95 % restants doivent être dénudés de tout additif.
  • Tout composant ajouté est obligatoirement naturel ou doit faire partie de la liste limitée des substances autorisées par l’UE.

Pourquoi est-il difficile de les respecter ?

Malgré les progrès de l’agriculture biologique française, l’hexagone reste très en retard dans ce domaine par rapport à ses confrères européens, et ce, malgré les lois partagées de l’« Eurofeuille ». En effet, les agriculteurs français se plaignent souvent des législations du secteur, qu’ils trouvent étouffantes et qui les amènent souvent à délaisser la pratique.

Tout d’abord, adopter les normes d’«Eurofeuille » rend le gain financier difficile, sachant que le label interdit la surproduction et l’élevage hors-sol. Par exemple, la rotation des cultures implique que la terre ne doit pas être semée plus de deux fois par an dans un souci environnemental. Or les petits agriculteurs ne peuvent pas se permettre ce luxe et se voient ainsi dépenser plus que ce qu’ils gagnent, surtout que l’entretien de ces mêmes terres naturellement coûte plus que les méthodes modernes.

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Ensuite, l’élevage biologique des animaux est très strict : l’écolabel européen exige un minimum de 4,5 m² réservé à chaque vache laitière, une condition peu évidente et difficile à réaliser pour les petites structures agricoles.

Également, l’interdiction d’utiliser les pesticides laisse les agriculteurs dans une impasse, surtout lors d’une invasion parasitaire. Que faire quand toute votre production agricole court à sa perte ? La réponse est évidente pour certains, ce qui a poussé l’ «Eurofeuille » à autoriser dans ces cas-là une utilisation limitée, mais sanctionnée, des pesticides.

Finalement, le changement itératif des normes contraint les agriculteurs de se plier aux nouveautés et donc à dépenser encore plus d’argent, chose impensable pour certains éleveurs de porcs français qui ont versé une fortune pour adhérer aux normes révolues de l’AB. Plus que cela, chaque changement législatif implique un délai de 36 mois avant d’approuver à nouveau la labellisation de tel ou tel produit, ce qui a des conséquences économiques délétères. Ajoutons à cela le temps perdu par les agriculteurs à déchiffrer à chaque fois les nouvelles lois : une moyenne de quinze heures par semaine selon un rapport du Sénat.

Conclusion

Pour conclure, l’agriculture biologique européenne en général, et plus spécifiquement française, a encore du chemin pour évoluer. Bien que les normes du label bio européen soient moins contraignantes qu’avant, il n’empêche que les agriculteurs doivent souvent jongler entre le respect des normes et le besoin de productivité. Il en vient au gouvernement d’agir, non pas en altérant négativement les normes, mais par le biais d’aides financières, d’engrais biologiques ou d’alimentation pour élevages afin d’encourager les agriculteurs à poursuivre.

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