Aujourd’hui, environ 9 Français sur 10 ont déjà consommé des articles biologiques. Cet intérêt croissant envers l’agriculture biologique et l’argent que celle-ci remporte pousse l’industrie alimentaire à s’engager dans cette voie et désormais plusieurs multinationales envahissent le marché bio. Ce revirement soudain laisse planer le doute et donne naissance à des questions sur la nature des intentions de ces grandes entreprises. Point sur cette question qui trotte dans la tête des consommateurs.

Histoire du bio : des débuts hésitants à l’industrialisation

Avant d’aborder l’état actuel du marché bio, il est nécessaire de rappeler les débuts truffés d’obstacle du secteur. En effet, l’après-guerre a marqué la disparition subite de l’agriculture traditionnelle au profit de celle moderne, dominée par les pesticides et engrais. Ce phénomène a donné naissance au mouvement biologique, puis aux labels bio afin d’encourager les agriculteurs à s’intéresser de nouveau aux ressources naturelles. Aujourd’hui, le but de l’agriculture biologique reste le même, la différence réside dans l’expansion du marché bio. Les profits en 2019 se calculent à une dizaine de milliards d’euros, contre un nombre limité d’agriculteurs indépendants. On en déduit que les entreprises ayant un capital conséquent ont réussi à s’accaparer le secteur, du moins en partie.

Le marché bio : entre vente locale et surproduction

Au début, peu d’entreprises s’intéressaient à l’agriculture biologique. Il revenait alors aux petits agriculteurs de se pencher sur la production naturelle, offrant un changement pour ceux qui désiraient revenir aux sources. L’épidémiologie des clients de l’agriculture biologique a démontré que ceux-ci sont principalement des familles. Influencées par les publicités, ces familles ont tendance à faire leurs achats auprès des grandes surfaces, négligeant ainsi les productions locales et les petites entreprises biologiques. Il en résulte une dominance concrète des grandes industries sur l’agronomie biologique. Des industries qui, non contentes des gains que leurs produits usuels leur rapportent, produisent des quantités élevées d’articles biologiques afin d’augmenter l’offre et maximiser leurs chances de vente.

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À ces causes s’ajoutent les normes de labellisation, que certains agriculteurs à capital limité considèrent comme contraignantes. Avec peu ou pas d’aide financière, ces agriculteurs finissent par abandonner les méthodes biologiques, ce qui ne fait que jouer en faveur des grands commerces.

Aujourd’hui, le dilemme entre Green marketing et Greenwashing

Qu’est-ce que c’est que le Greenwashing ?

En 2022, personne n’ignore ce qui arrive à la planète tant les conséquences sont tangibles : réchauffement climatique, pollution en masse, etc. Ceci constitue l’une des raisons de la naissance du marché bio. Cependant, il arrive que des entreprises jouent sur ce point et jonglent dans leurs publicités avec les mots « bio », « responsable » et « écologique ». Habituellement, la procédure pour qu’un produit soit considéré comme biologique passe par plusieurs étapes de vérification, pour finalement aboutir à la labellisation dudit produit, c’est-à-dire son marquage par un logo spécifique de l’agriculture biologique. Cette information précise est parfois ignorée par les consommateurs, ce qui résulte à une manipulation, consciente ou non, de la part de certaines publicités : c’est ce qu’on appelle le Greenwashing.

Les méthodes du Greenwashing

Il existe plusieurs tactiques de Greenwashing, dont les plus fréquentes sont la tendance de certaines marques à noter les termes « bio » ou « écologique » sur l’emballage de leurs produits, sans qu’aucun label soit présent pour appuyer leurs dires. Ajoutons à cela les vives couleurs vertes des articles et le tour est joué. Alors qu’à la base le mouvement bio se veut dénudé de tous OGM et matières chimiques, le consommateur se retrouve à consommer ces composés à son insu. Cette confusion résulte d’un laxisme au sein des grandes surfaces, mais aussi de la surveillance diminuée de certains labels.

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Cette pratique, notamment répandue dans le secteur des cosmétiques, nuit à l’image du bio et diminue l’intérêt du consommateur vers le produit lorsque ce dernier se rend compte du subterfuge joué par ces entreprises.

Des solutions pour réguler le marché bio ?

En réalité, le problème qui se pose à notre avis n’est pas de savoir si l’industrie s’est accaparée du marché bio ou pas. Ceci est presque un fait, bien qu’il persiste une clientèle pour les produits locaux et les petites entreprises. La question qui se pose aujourd’hui est si ces grandes entreprises peuvent respecter les normes de base régies par les fondateurs de l’agriculture biologique.

Sachant qu’il est difficile et injustifiable d’interdire à ces entreprises la production bio, il n’empêche que quelques lois doivent être établies, notamment l’interdiction ferme de mentionner des termes illusoires sur des produits non biologiques ou d’élever les prix de ces derniers au calibre de leurs homologues biologiques. Le contrôle rapproché des labels qui facilitent la tâche aux grandes entreprises est également une solution, cette démarche antifraude vient d’ailleurs d’être lancée par l’UE et prévoit d’être appliquée à l’aube de 2021.

Il peut également s’avérer nécessaire d’encourager la production locale de l’agriculture biologique par des aides financières, afin d’augmenter la compétition des grandes entreprises et par conséquent leur mettre la pression.