À l’aube de la prise de conscience consommatrice, une panoplie de géants de l’alimentation s’engage désormais à tracer leurs productions. Transparence ou gain financier, le motif de certains reste discutable, mais seul le résultat importe. Grâce à quelques clics, il est aujourd’hui possible de connaître tout sur tel ou tel produit avant de l’acheter. On vous explique.

Tracer ses aliments : c’est quoi et pourquoi ?

Définition et origines du traçage alimentaire

Le traçage ou traçabilité d’un aliment est l’acte de connaître l’histoire entière de cet aliment, allant de sa composition jusqu’aux étapes et façon dont il a été produit. C’est une pratique d’origine américaine qui au début se limitait aux médicaments sous le terme de « suivi de lot », mais qui s’est vue obligée de s’étendre à l’alimentation en considérant les problèmes de santé publique. C’est ensuite en 2000 que la Commission européenne a officialisé le traçage des aliments, proposant un vaste programme qui inclue toutes les étapes de production agroalimentaire sur lesquelles peut se baser tout fabricant. En revanche, et malgré les discussions parlementaires, il n’existe à cette heure pas de loi européenne qui oblige cette pratique, à la différence du Canada par exemple.

L’intérêt du traçage alimentaire

La révolution du traçage alimentaire s’inscrit en réponse à la surproduction anarchique pratiquée par certaines multinationales. Cette surproduction et les mystères qui se cachent derrière elle ont réveillé l’instinct méfiant du consommateur qui, soucieux de savoir ce qu’il ingère, peine à trouver des sources fiables d’information. Il a donc été décidé de créer un système commun à tous les fabricants afin de faciliter et donc encourager le traçage alimentaire.

Il est important de pouvoir tracer toute la chaine de production des produits

Il est important de pouvoir tracer toute la chaine de production des produits

L’accès aux données de traçage

Grâce à l’informatique, la traçabilité des aliments est facilement accessible, et ce, par quatre moyens :

  • Le code EAN ou code-barre, qui permet en quelques clics d’accéder à un résumé sur la production de chaque aliment
  • La puce RFID ou radio-étiquette, qui offre un suivi exhaustif sur le cycle de vie d’un article. Cet avantage qu’offre la puce électronique la met en avantage sur les simples code-barres qui commencent de ce fait à se raréfier.
  • Les bases de données, disponibles sur des sites Internet. L’accès à ces bases est possible en entrant le nom du produit.
  • Plus récemment, les puces à ADN entament leurs premiers pas dans le secteur alimentaire, notamment animal. L’identification grâce à l’ADN de telle ou telle viande permet d’accéder à n’importe quelle information : qui a touché cette viande, le chemin qu’elle a parcouru, les déchets qu’elle a émis, etc.
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En pratique : la technologie blockchain

Des entreprises du calibre de Walmart et Carrefour ont entamé les démarches afin de pouvoir, d’ici quelque temps, inclure l’ensemble de leurs produits au sein d’une base de données de traçage. Cette initiative s’inscrit dans le besoin croissant du consommateur à savoir ce qu’il ingère, mais aussi pour lutter contre certaines pratiques dangereuses que certains fabricants s’entêtent à utiliser.

En France, l’exemple type de l’utilisation de la blockchain est celui de la marque Auvergne de la volaille qui approvisionne Carrefour. Ainsi, à mesure que la production avance, les fabricants de cette marque s’engagent à mentionner les différentes informations, étapes ainsi que les potentielles altérations subies par les produits. Pour les œufs, par exemple, la chaîne d’approvisionnement s’engage à noter la date de naissance de chaque œuf, son couvoir d’origine et la date de sortie de celui-ci. Viennent ensuite les poules, pour qui le producteur doit mentionner la date de mise en élevage et le pourcentage en OGM de l’alimentation donnée à ces poules. Une fois l’étape de transformation atteinte, la date exacte d’abattage de chaque volaille doit être mentionnée, ainsi que celle de limite de consommation préconisée par le vétérinaire. Plus encore, Carrefour pousse Auvergne à l’informer sur les conditions de transport de chaque produit vers lui, puis fournit à son tour sa date de mise en rayon. Enfin, tout ceci est fourni au client grâce au code-barre ou QR code.

Voici le processus de traçage des aliments sur toute la chaine de production

Voici le processus de traçage des aliments sur toute la chaine de production

Bio et traçage : quels sont les points communs ?

Tout ce qui se dit bio ne l’est pas forcément et l’industrie en est consciente. Bien sûr, les labels gouvernementaux comme celui d’« Eurofeuille » certifient que le produit a subi des contrôles pour être certifié. Cependant, ces contrôles se sont déroulés à un moment ou deux de la vie de l’entreprise. Ils ne sont pas quotidiens, ne peuvent pas l’être, et donc qui peut garantir que tout produit de telle ou telle entreprise bio l’est vraiment ?

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Le client bio est exigeant et il a bien raison ! C’est là où le traçage va jouer son rôle, en apaisant par sa base de données les inquiétudes de tout consommateur soucieux pour sa santé. Concernant l’entreprise, celle-ci maintient un esprit éveillé, car elle sait qu’elle est toujours observée.

Vous regardez l’origine des aliments que vous consommez chez vous?

Dites-nous tout dans les commentaires.

Gwen