Le bio est entré dans nos vies et va modifier profondément nos habitudes alimentaires. Plus sain, meilleur pour la planète et les générations futures, il n’est plus marginalisé dans les rayons. Néanmoins, même si beaucoup d’efforts sont faits pour les rendre plus accessibles, manger bio reste, pour des produits comparables, plus onéreux que le circuit conventionnel. C’est le cas chez nous et c’est également le cas partout dans le monde, alors si le prix du bio est une barrière chez nous, qu’en est-il dans les pays émergents ? Tour du monde de l’évolution des habitudes alimentaires.

Point sur le bio dans les pays émergents

Depuis quelques années, la vente de produits bio connaît une croissance phénoménale, et bien que cela ne représente encore qu’une infime partie du marché des aliments et des boissons, les ventes sont en hausse dans de nombreuses régions. Mais la consommation elle-même se concentre principalement aux États-Unis et en Europe. La France est le second marché européen juste derrière l’Allemagne. Au niveau des surfaces occupées par l’agriculture biologique, l’Europe et l’Océanie sont les deux continents ayant le plus de culture bio.

Dans les pays émergents, ces méthodes de production ont tendance à se développer encore plus rapidement, mais la consommation in fine de produit bio dans ces pays ne progresse pas aussi rapidement. En Chine, particulièrement, l’agriculture biologique a fait un grand bond en avant, pour devenir le 4e pays au monde en matière de surface agricole alternative. Pour la classe moyenne qui se développe rapidement, les questions de santé deviennent prioritaires. Les gens changent leurs habitudes alimentaires, ils sont de plus en plus intéressés par les aliments biologiques, sans additifs et à base de plantes. Le marché chinois du bio est en pleine croissance avec à un taux annuel de 10 à 15 %. Le plus grand obstacle reste la différence de prix par rapport aux produits conventionnels. Là où aux États-Unis et en Europe nous constatons des différences de l’ordre de 10 à 90 % pour les prix des produits comparables, cela peut grimper jusqu’à 700 % sur le marché chinois.

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Dans de nombreux autres pays en développement, cependant, l’alimentation biologique suscite encore une bonne dose de scepticisme. Passé à l’agriculture biologique à grande échelle coûte très cher, ce qui entraîne un prix de vente des denrées plus élevé. Beaucoup de gens considèrent donc les aliments biologiques comme un privilège pour les plus aisés. En Afrique, au Nigeria par exemple, la population n’est pas disposée à payer pour des produits plus chers qu’ils estiment ne pas être différents de ce qui se trouve déjà dans leur assiette. Dans les pays les plus pauvres, les gens ont juste besoin d’être nourris, s’ils ne peuvent pas se permettre la nourriture ordinaire, ils ne pourront pas se payer des aliments biologiques. Cependant, les aliments biologiques présentent de réels avantages pour la santé, ainsi que pour l’économie locale et nous devons trouver des moyens de les rendre plus accessibles et abordables pour tous.

Les pratiques agricoles sont passées des anciennes méthodes à la dépendance aux produits chimiques de l’agriculture industrielle dans de nombreux pays en développement. Alors que le désaccord persiste sur la quantité de résidus de pesticides trouvés dans les cultures biologiques, des études scientifiques ont montré que les niveaux étaient inférieurs à ceux des cultures conventionnelles. Les aliments biologiques contiennent également moins de métaux toxiques, qui peuvent s’accumuler dans le corps et causer des dommages aux reins et aux poumons.

L’agriculture biologique pourrait également résoudre les problèmes de dégradation des sols et de pollution des rivières par l’excès d’engrais dans différentes parties du monde, y compris l’Afrique, un continent qui a été particulièrement touché par la dégradation des terres. Les pratiques de l’agriculture biologique, comme la rotation des cultures, les cultures sous serre et le travail réduit du sol favorisent l’assainissement du sol et améliorent sa structure ainsi que sa stabilité. Ces moyens alternatifs d’améliorer la fertilité des sols compensent le manque d’engrais utilisé dans les cultures conventionnelles.

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L’agriculture biologique offre également un grand potentiel économique. Elle génère jusqu’à 35 % de bénéfice de plus que l’agriculture conventionnelle, offre plus de possibilités d’emploi en milieu rural et ouvre des marchés dans d’autres pays. Cela est particulièrement pertinent dans le contexte africain, où l’agriculture biologique créerait des emplois pour les jeunes diplômés du continent, dont 50 % sont au chômage.

Actuellement, l’agriculture biologique produit souvent des rendements inférieurs à l’agriculture conventionnelle. Les gouvernements pourraient allouer plus de fonds à la recherche visant à améliorer la productivité des fermes biologiques, afin que plus de cultures puissent être produites. Cela peut aider à réduire les prix des aliments biologiques et à les rendre plus abordables dans les pays à faibles revenus.

Tirer parti des avantages économiques et sanitaires de la production d’aliments biologiques exigera un engagement et une volonté politique à travers l’adoption de nouvelles réglementations, ainsi que des efforts pour éduquer les agriculteurs et les consommateurs. Dans la plupart des pays en développement, les réglementations n’ont pas été mises en place pour labelliser les aliments, les cultures et les produits de l’élevage biologiques. En conséquence, les produits alimentaires sont rarement étiquetés bio dans les supermarchés et les consommateurs ne sont pas conscients de la possibilité d’acheter des produits biologiques. La création de ces agences pourrait être une première étape pour porter les produits biologiques à l’attention de la population.

L’agriculture biologique n’est pas une solution miracle aux problèmes alimentaires auxquels font face de nombreux pays en développement, tels que la faim et la malnutrition, mais c’est un pas vers la construction d’un secteur agricole plus robuste, plus durable. L’amélioration de la santé des populations et de l’environnement permettra d’assurer la sécurité alimentaire sur le long terme.

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S’éloigner de la perception des aliments biologiques comme un luxe exigera du temps et des efforts, mais en fin de compte, il vaut la peine de s’assurer que tout le monde peut choisir des produits sains à un prix abordable. L’agriculture biologique est bonne pour l’environnement, bonne pour les affaires et bonne pour les consommateurs à travers le monde.