L’Ouzbékistan est un des principaux pays exportateurs de coton au monde, avec près de 850 000 tonnes par an. Les pratiques appliquées par l’État lui-même lors des périodes de récoltes sont visées du doigt par les groupes de défense des droits de l’homme qui attestent que ce travail consiste en un véritable travail forcé, qui touche également des enfants. Mettons un coup de projecteur sur les pratiques quasiment féodales qui entachent la production de coton ouzbek et qui ne profitent qu’à l’état. Notons qu’il semblerait que depuis peu la situation évolue et que le travail forcé et le travail des enfants ont fortement diminué dans le coton.
Une forme d’esclavage moderne dissimulée en travail volontaire
Les images obtenues par certains courageux reporters qui osent enquêter sur ce sujet font froid dans le dos. Les travailleurs doivent ramasser entre 60 et 70 kg de coton par jour. Il s’agit d’un quota fixé par les autorités. Si l’objectif n’est pas atteint, ce qui est fréquent en fin de saison quand la production de coton devient insuffisante, les travailleurs peuvent être punis. Ainsi, c’est un véritable travail forcé que l’État ouzbek a institué, où toute la population est réquisitionnée pour cette tâche : étudiants, professeurs, infirmières, médecins et soldats inclus. Soit plus d’un million de citoyens. Ceux-ci doivent impérativement communiquer tous les jours à leurs supérieurs les chiffres des récoltes obtenues.
Ces travailleurs du secteur public qui oseraient refuser de se soumettre à ce travail forcé sont menacés d’être renvoyés ou auraient leurs aides sociales réduites. Le gouvernement défend que les personnes qui participent aux récoltes sont, soi-disant, volontaires. En réalité, des « contrats de volontariat » sont signés. Pour cela, des policiers ratissent les quartiers pour faire signer de force ces contrats. En prime, s’il s’agit de personnes infirmes ou trop âgées, elles devront elles-mêmes se charger de leur trouver un remplaçant, à leurs frais. De la même façon, les entreprises ou collectivités qui ne peuvent ou ne veulent pas participer aux récoltes devront verser une compensation monétaire à l’état.
Des conditions de travail inexistantes
Les personnes mobilisées lors des récoltes dorment dans des gymnases et des écoles, mis à disposition comme dortoirs, souvent sans salle de bain. La rémunération de ces travailleurs est nulle et, en prime, le gouvernement achète la récolte à un prix en dessous du marché, ce qui lui permet de gagner beaucoup d’argent sur cette main d’œuvre forcée en continuant de proposer des prix cassés face à ses concurrents.
Le travail infantile encore trop présent
Malgré une campagne de sensibilisation effectuée par certaines associations de défense des droits de l’homme, l’État continue d’envoyer aux récoltes des mineurs. S’il y a quelques années, quand le scandale a éclaté, certains enfants n’avaient que 7 ans, le gouvernement a depuis réduit le nombre d’enfants de moins de 15 ans dans les camps. Malgré tout, ces enfants ne reçoivent pas une véritable éducation, car quand ils ne participent pas eux-mêmes aux récoltes, ce sont leurs enseignants qui s’absentent et ne peuvent assurer leur correcte formation.
Afin de mettre la pression sur le gouvernement et l’obliger à cesser le travail forcé, plusieurs marques, dont les géants de l’industrie textile comme Inditex et H&M, ont déjà boycotté le coton ouzbek et refusent de l’intégrer dans leur production. Pour cela, leurs fournisseurs respectifs doivent signer une déclaration où ils s’engagent à ne pas acheter cette matière première.
Un impact écologique considérable
Le coton représentant une source de revenus considérable pour le gouvernement, c’est sans se soucier de l’impact sur l’environnement que sont produites annuellement des quantités astronomiques de coton, qui plus est dans une région semi-aride de l’Asie centrale. La culture du coton nécessitant une très grande consommation en eau, des rivières et ruisseaux ont dû être détournés et la mer Aral, autrefois l’un des plus grands de la planète, a pratiquement disparu.
Que faire pour ne pas contribuer à la pérennité de ces pratiques
Comme grands consommateurs de textile et adeptes de la fast fashion, ou mode éphémère, nous avons tous notre part de responsabilité dans les pratiques obscures employées dans la production de coton et leurs impacts néfastes sur notre planète. Modifions notre façon de consommer en optant pour des pièces en coton biologique et écoresponsable. Le mode de production du coton biologique présente, entre autres, les avantages suivants :
- Baisse drastique de la consommation d’eau.
- Interdiction de l’utilisation de pesticides et insecticides.
- Réduction des émissions de dioxyde de carbone.
- Diminution de la pollution des sols et océans.
- Protection des agriculteurs.
Consommons moins et consommons mieux pour réduire notre empreinte écologique tout en défendant les droits des travailleurs ouzbeks.
Qu’instaurez-vous afin de consommer du coton de manière plus responsable ?
N’hésitez pas à nous partager vos trucs et astuces.
Bea